En son lit de satin, la Belle, blanche et pure,
Patiente au bois dormant.
Une méchante, voici cent ans, lui a promis la mort.
Mais sa marraine, la bonne fée, a dévié le sort :
Elle dort, en son mausolée ceinturé d’aubépines.
Inconsciente, couronnée de lilas,
On voit sa poitrine humer l’air doux du printemps.
Tout chante autour d’elle : rosiers, genêts, merles et rossignols.
La Belle évanescente, enrobée de parfums,
Attend sans sourciller la venue d’un charmant :
C’est à la faveur d’un baiser qu’elle ouvrira les yeux.
Voulez-vous connaître le fin mot de l’histoire ?
Un prince viendra et il l’embrassera !
Hélas ! Prince, gare à toi : était-elle consentante ?
On jugera le Beau d’avoir abusé d’elle
On omettra de dire le courage du bonhomme
D’embrasser une fille qui a dormi cent ans.
Texte paru dans AURA 113, été 2022. Thème : Parfums.